Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur des services académiques,
Mesdames et Messieurs membres du CDEN,

En préambule de ce propos liminaire, qui s’inscrit dans la continuité de l’enquête nationale sur l’inclusivité menée par la Fédération nationale des DDEN et dans l’attente de la publication de ses résultats, il convient de préciser qu’il ne s’agit pas ici du bilan de la situation en Charente-Maritime, mais de la mise en évidence d’une tendance observée à l’échelle nationale. Ce thème a été retenu afin d’animer un temps d’échange lors de notre assemblée générale du 2 avril 2025.

Malgré les ambitions affichées, la politique nationale pour l’école inclusive rencontre de nombreux obstacles qui compromettent sa pleine réussite. L’insuffisance d’attributions budgétaires dédiées freine en autre le fonctionnement des dispositifs essentiels tels que les RASED, pourtant reconnus pour leur rôle clé dans la prévention des difficultés scolaires et le soutien aux élèves. Une enquête menée par l’UD17 avait fait ressortir que très peu de communes accordaient des crédits de fonctionnement au RASED intervenant dans leurs écoles.

Par ailleurs, le manque de personnel qualifié et en nombre suffisant, notamment les Accompagnants d’Élèves en situation de Handicap (AESH), entrave la mise en œuvre des projets personnalisés. Ces professionnels sont souvent confrontés à des conditions de travail précaires : salaires bas, temps de travail partiel, affectations dispersées sur plusieurs établissements, avec des déplacements non remboursés. Cette situation dégradée ne permet pas un accompagnement continu, en particulier en pendant le temps hors-scolaire, ce qui fragilise les élèves concernés et la cohérence de leur suivi. Certaines communes pallient cette carence en finançant des AESH pendant la restauration ou les temps périscolaires, mais cette multiplicité d’intervenants autour d’un même élève complique la cohérence des suivis et peut fragiliser l’enfant lui-même.

La coordination entre les différents acteurs locaux reste complexe. Il est juste de souligner que l’autonomie, à travers le comité de suivi départemental de l’école inclusive, génère des écarts d’avancement des dispositifs, mais il faut aussi reconnaître l’existence d’une structure nationale visant à piloter et coordonner ces actions, même si son efficacité reste perfectible.

Il convient aussi de rappeler que chaque académie, dont la Charente-Maritime conduit ses propres actions afin de progresser sur l’inclusivité scolaire. De ce fait, l’état d’avancement et la réalité des réponses apportées aux besoins éducatifs particuliers diffèrent d’un territoire à l’autre. Les préconisations formulées s’inscrivent dans une optique d’amélioration du service public d’éducation ; leur mise en œuvre doit venir en appui des mesures déjà engagées localement, conformément aux orientations nationales et dans le respect des spécificités de chaque contexte académique.
Certains territoires bénéficient de meilleures réponses, tandis que d’autres accumulent les retards et les carences, accentuant ainsi les inégalités territoriales.

La politique nationale pour l’école inclusive, malgré ses nobles objectifs, reste marquée par des insuffisances majeures tant en matière de moyens financiers que de ressources humaines. La disparité marquée entre départements témoigne des limites d’une décentralisation qui, faute de coordination et d’harmonisation robustes, accentue les inégalités territoriales. Sans une révision ambitieuse des priorités et un engagement renforcé en faveur de l’accompagnement des élèves et de la reconnaissance des personnels, cette politique restera un défi inachevé, éloignant la promesse d’une école réellement inclusive et équitable.

Dans le cadre de sa mission, l’UD17-DDEN en appelle aux élus et aux collectivités locales de tout mettre en œuvre pour faire de la Charente-Maritime, un département d’excellence dans le domaine de l’école inclusive.

Texte présenté en CDEN à La Rochelle le 17 novembre 2025
Christian Vignaud Président UD17-DDEN